Vivre sans voiture

Oui j'ai appris à vivre sans voiture, à me déplacer autrement, à envisager mon quotidien sans véhicule ni station essence ou autre réparations et vidanges.

Je dois avouer que les débuts n'ont pas été des plus faciles, depuis que j'ai 18 ans, je conduis. J'ai eu la chance d'avoir une voiture aussitôt. Dix ans que je suis totalement dépendante de cette auto qui m'a si souvent rendu service et parfois compliqué un peu (beaucoup) la vie. J'ai eu quelques accidents, rien de grave, mais tellement pénibles d'un point de vue administratif et organisationnel.

Et nous voilà arrivés au Canada, pour cette nouvelle vie, sur un continent ou la voiture est un prolongement du corps de ses habitants, où ils ne font pas 100 mètres sans mettre la clé dans le contact, où il existe des "drive thru" pour les banques, les restaurants, les cafés...
Les gens vivent dans leur véhicule et n'ont pas l'intention d'en sortir.

Certains canadiens m'ont regardé avec de la pitié "la pauvre elle n'a pas de voiture, mais comment fait-elle?", d'autres m'ont prises pour une folle, il faut le dire, les distances ici sont tellement impressionnantes que même pour aller au centre commercial le plus proche de chez moi il y a 5km, environ 1h de marche, et certaines personnes m'ont simplement demandé "why?

C'est vrai ça pourquoi ? Pourquoi n'ai-je pas de voiture alors que nous sommes expats et donc sensés avoir les moyens de nous procurer un engin roulant ?

Tout d'abord, il se trouve que c'est l'aspect $$$ qui est entré en jeu, les voitures sont abordables et semblent même moins chères qu'en Europe. De plus, les solutions de leasing sont assez courantes, et quand on ne reste que quelques années, elles peuvent d'avérer vraiment avantageuses. Pas de voiture à revendre, un suivi et un entretien simplifié, tout ça tout ça.
Mais l'assurance, on n'y pense pas à l'assurance !

Ici, tout fonctionne à l'historique, crédit, assurance voiture, habitation, et j'en passe ! C'est limite si le bibliothécaire ne se renseigne pas sur ton casier judiciaire. Et en tant qu'étranger, tu arrives avec une page blanche, même si tu as 50 ans et que tu conduis depuis toujours, même si en France tu fais péter tous les records de Bonus de la Macif, même si tu n'as jamais eu d'accident and so on.
Tu as même un statut inférieur aux jeunes conducteurs Canadien de 16 à 18 ans qui ont eu appris à conduire, une automatique (hum hum), sur leur territoire. Tout ceci pour arriver à un devis d'assurance situé entre $3000 (notre cas pour une épave) et $6000 (notre cas pour une bonne voiture ou le cas de nos amis mexicains et brésiliens pour un véhicule "classique").

C'est là que j'ai dit stop, no way, moi vivante je n'aurai pas de voiture à Barrie, Ontario, Canada.

Qu'est-ce-que je n'ai pas dit !?!? Le lendemain il a plu, puis neigé, puis il faisait froid, et du vent et j'en passe...Quand tu dois ressembler à la petite soeur de monsieur bibendum pour aller acheter des timbres et des cartes postales, tu te demandes si tu n'as pas été un peu extrême dans le genre. "La casquette écolo 2.0 qui surveille son impact CO2, trop peu pour moi !"

Et puis c'est comme tout en fait, on s'y fait !
On apprend à s'organiser, à être incollable sur les horaires de bus et la météo du lendemain, à s'habiller confort/féminin pour bouger, et on finit par apprécier :)
Maintenant, quand je n'ai pas à marcher pour me déplacer, ça me manque.

Si on résume, depuis que je n'ai plus de voiture, je marche, je me sens mieux, je fais des économies, je ne pollue pas, je ne suis jamais en retard (contrairement à la voiture et son fameux "j'ai le temps") et dernier aspect un peu plus inattendu : j'ai plein d'idées !!

Quand je marche, je pense beaucoup et ma créativité est au top ! Je bouillonne d'idées et je prends des notes régulièrement. Un corps sain, dans un esprit sain !

J'espère que ça servira un peu pour ce blog que je compte bien développer de plus en plus :)

Prochain achat : un vélo