mercredi 30 janvier 2019

Un an en Italie

Et le temps passe et passe et passe et beaucoup de choses ont changé... Qui aurait pu s'imaginer que le temps se serait si vite écoulé? On fait le bilan calmement, en se remémorant chaque instant...

C'est bon, vous l'avez dans la tête? De rien, je vous en prie ;)

On nous avait dit avant notre départ du Canada que l'Italie se serait vraiment différent
Rien de plus vrai. 
Quand je dis que nous arrivons de trois ans au Canada, souvent on me demande:

"Alors tu préfères quel pays?"

Comme s'il était possible de répondre à cette question.

Il y a des choses qui me manquent et celles qui ne me manquent pas, il y a toutes ces personnes qui faisaient partie de mon quotidien à qui je pense tous les jours, le café à emporter, et tout ce qui pouvait se prendre en "take out" me manque, la nettoyage des routes après la neige, travailler avec des personnes formidables, les magasins et le choix disponible, le style de vie, la capacité de tout comprendre et de s'exprimer naturellement, sans trop d'efforts... 

Il y a plein de petites choses dont on ne se rend pas compte sur place et qui rendent nos journées plus belles, ces petits riens qu'on re-découvre une fois qu'on ne les a plus.

Un an en Italie. Deux mois en logement temporaire et dans notre "chez nous" locatif depuis février 2018. Un an que j'ai retrouvé un véhicule à moi, un an que nous savourons tous les jours les délices de la nourriture italienne, ces fruits et légumes qui ont connu le soleil et dont on avait presque oublié le goût.

Depuis un an, nous avons retrouvé la neige, celle de la montagne, sans avoir à déneiger et sans les températures extrêmes. Les chaines ou les pneus neige sont obligatoires de novembre à avril et la première station de ski (sur de vraies montagnes) est à 25min. La mer à une heure.

Nous nous sommes rapprochés de nos familles, de nos amis, qui ne sont finalement jamais assez proches. Nous allons au marché le mardi et/ou le samedi, nous avons un balcon plus petit que notre ancien patio. Les écureuils et les tamias ont fait place aux montgolfières et aux biches qui passent au loin. Mondoví, la ville voisine est une capitale de la montgolfière, j'en parlerai sûrement dans un autre article. 

Ici on achète les jouets pour enfants au bureau de tabac, on y paye aussi ses factures, en cash s'il vous plait. Les cartes de crédit ont laissé la place aux billets dans nos porte-monnaie, l'épicerie d'en bas a souvent la machine à cartes "hors service" et nous fait crédit le temps de retrouver un peu de monnaie... On a pris l'habitude. Nous payons la facture de gaz au bureau de poste et les plafonds de retrait sont plus hauts que ceux de paiement par carte.

Ici on nous reconnait tout de suite à notre accent, "ah francese?" et on nous répond par une anecdote ou une question, avec le sourire. Les français sont les "bons étrangers", on nous aime bien.
Nous avons trouvé un "asilo nido", une crèche privée pour notre fille, sept enfants et deux adorables nounous qui s'en occupent tellement bien qu'on l'y laisserait bien jusqu'à son entrée au collège. 
Nous prenons l'aperitivo assis au soleil ou au chaud près de la fenêtre, nous dégustons un cappuccino ou un café minuscule debout, près du bar, au milieu d'inconnus qui savourent leur boisson noire sacrée, un "salve" ou "buongiorno" souriant.

Ici les croissants s'appellent des "brioches", et sont fourrés à la crème, au chocolat ou à la confiture. On peut manger du thon avec du veau (cf vitello tonato) et passer une journée à table à la "cascina", la ferme voisine qui propose un menu unique interminable, vin compris, pour 25 euros (agriturismo). Le fromage et la charcuterie sont légion et les végétariens/vegans doivent certainement galérer au restaurant. Le vino vient de la région de Barolo, à quelques pas d'ici, il coûte cher, mais on relativise après avoir payé de la piquette plus de 15$ au Canada. Presque tout le monde a un potager, un verger et chaque bout de terre est voué à être cultivé, on trouve facilement des produits frais et locaux.

Impossible de trouver de la coriandre, le café se prépare à la moka et les fleuristes proposent rarement des fleurs coupées. Les articles de puériculture sont un luxe et les médicaments ne sont pas remboursés. Nous avons un médecin de famille et un pédiatre assignés qui nous reçoivent rapidement et gratuitement, sans jamais sortir un centime.  

Nos voisins récupèrent et nous rapportent les colis une fois le soir venu, le facteur t'appelle pour être sûr que tu es chez toi avant de venir et LE policier du village (il n'y en a qu'un) vient sonner chez toi pour t'apporter un papier à signer. Tu l'accueilles en pyjama, le samedi matin et lui propose un café. Nous nous sommes pacsés aussi en Italie, paperasse oblige pour que j'obtienne la résidence, car nous ne sommes pas mariés. Nous avons attendu trois semaines pour recevoir notre box internet, quant à celle de la télé elle n'a jamais fonctionné. Ton coiffeur te connait déjà car il connait quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait ton proprio. 

Ici tout le monde a étudié le français et beaucoup le parlent très bien, mieux vaut tenter la langue de Molière plutôt que celle de Shakespeare, sous peine d'incompréhension totale.
Les dimanches s'articulent au rythme des fêtes traditionnelles ou catholiques. On célèbre aussi bien le chou ou la châtaigne que la Vierge Marie.

Dès que les jours se réchauffent, les mamans et enfants se retrouvent devant le Sanctuaire de Vicoforte, en bas de ma rue, on papote en regardant la marmaille se défouler, on mange une "gelato", dont la réputation n'est pas une légende. Mais dès que le froid arrive, les italiens ne sortent pas les enfants, nous avons beau être au nord du pays, ils craignent le froid et je me retrouve souvent seule avec ma fille sur l'aire de jeux.

Un an en Italie, et notre fille nous dit que ce qu'elle mange est "buono", sait mettre le fromage sur la pizza et dévore le "chiutto" (prosciutto = jambon). Un an à apprendre cette si belle langue qui s'emmêle souvent dans ma tête, trop d'anglais et pas assez de sommeil. 

Un an de belles nouvelles rencontres, de collines arpentées et de tomates séchées. 
Un an de dolce vita, avec ses hauts et ses bas. 
Un an pour se sentir "a casa".

5 commentaires:

  1. Ça fait plaisir de te lire à nouveau. Bisous du Canada xxxxxxx

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  2. Quel bonheur de revoir un post qui donne l’eau à la bouche , et tellement envie d’en savoir plus ! On a l’impression de démarrer une belle ballade ... encore !

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  3. Vicoforte. Pas bien de loin de chez nous. Peut etre un jour une rencontre inopinée avec mes loulous au coin d'une rue. Toujours une aussi belle plume :)

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