mardi 7 juillet 2015

Des rencontres improbables

Ma copine K. m'avait prévenue :  "tu verras, ce qu'il y a de magique dans l'expatriation c'est (entre autres) le fait de rencontrer et de côtoyer des personnes totalement différentes de nos cercles d'amis de France, de notre "ancien" entourage. 
Elle avait raison.





Depuis que nous sommes au Canada, je ne compte plus les personnes incroyables que j'ai pu rencontrer. Tous différents, ces gens contribuent à la richesse de ma nouvelle vie.

Les collègues internationaux de Môsieur, brésiliens, mexicains, américains, français, chinois, de tous les âges. Tous avec un parcours différent, de passage en Ontario ou fraîchement expatriés, accros à leur boulot, fatigués en fin de semaine, toujours intéressants et curieux de la vie. Des dîners, des verres, des barbecues, des soirées multilingues, des découvertes culturelles et autres fous rires.

Les femmes, les épouses, les copines, les conjointes de ces collègues, dont Alessandra, la brésilienne Maman de 2 enfants, qui est arrivée ici avec sa Maman à elle, accro au shopping et fan de maquillage. Nous aurons passé de super moments toutes les trois avec Chiaki, mon coup de coeur tout droit issu du Japon pour qui j'ai même versé une larme le jour de son retour au pays - et que je compte bien aller voir ! 

Il y a aussi Vitalika, partenaire de tennis de Môsieur, russe de naissance, elle est maintenant canadienne, épouse d'un canadien francophone avec qui elle a une fille de 14 ans, qui étudie dans une école spécialisée dans le tennis, en Floride. Vitalika était prof de danse classique en Russie, pendant 20 ans, elle a ce tempérament un peu froid au premier abord mais un grand coeur qu'on trouve vite en creusant un peu. Nous avons été tellement bien reçus chez eux lors d'un délicieux barbecue (oui on est au Canada quand même) et nous bavardons régulièrement en parcourant les rues de Barrie en quête d'une marche relaxante.

Karen et Mike, ce couple adorable qui dirige l'association à laquelle je participe, Living Green. Elle est agent immobilier et lui consultant, ils ont 3 enfants chacun de plus de 30 ans, issus d'un précédent mariage. Ils courent partout, tout le temps, entre leurs associations, les étudiants internationaux qu'ils hébergent, leurs boulot et leur vie sociale bien remplie. Ces gens là ont un coeur en or. Ils m'ont accueillie, reçue chez eux, raccompagnée. Profondément écolo, ils ont une Smart électrique, alors que le moteur essence règne dans ce pays et que les prises pour la charger sont rares voire inexistantes. Ils font aussi partie du parti politique Vert de la ville et défendent leurs conviction du mieux possible, pour un meilleur futur.

Il y a Brooke, Art et Cindy, ces bénévoles avec qui j'ai tenu le stand lors du Relay for Life, une ado de 12 ans qui s'exprime comme une adulte, un survivant du Cancer de la langue profondément transformé, à la générosité contagieuse et une retraitée qui souhaite donner de son temps libre, maniérée, mais tellement adorable que ça devient mignon.

J'ai rencontré David aussi, ce solitaire d'une cinquantaine d'années, qui lui aussi se déplace en bus, boit du vin rouge sucré et donne de son temps libre à Off the Rack, la boutique de friperies où j'ai fait du bénévolat. Il travaille chez Walmart et je le croise parfois en faisant mes courses. Il a un problème d'audition alors il préfère qu'on lui écrive ou lire sur les lèvres. Et parfois il me répond en français.

Il y a Colleen, du bénévolat toujours, cette dame dont les problèmes de santé trop importants l'empêchent de travailler, toujours un mot gentil et un yaourt à aller manger, Akiko l'étudiante japonaise au look irréprochable, Tyler, un jeune homme pris en train de fumer des substances illicites et voué à effectuer quelques heures de travaux d'intérêt général pour l'asso qui a une théorie intéressante sur les femmes qui portent des ceintures pour marquer la taille. 
Il y a Elaine, cousine Eloignée de Robert Charlebois, au carré droit très droit et à la critique cinglante mais si drôle. Ou encore Nancy, ancienne infirmière qui est devenue institutrice au bout de 20 ans de pratique, aujourd'hui retraitée, elle écrit un livre sur tous les voyages humanitaires effectués avec son époux aux quatre coins du monde, toujours une anecdote sous le coude, elle fait aussi partie d'une comédie musicale et n'arrête jamais !
Il y a aussi tous ces sans abris, ces personnes stones et intoxiquées, ces gens qui ont du mal à trouver leur place dans la société, ceux qui me croient hongroise ou croate, ceux qui me serrent la main pour me remercier de leur avoir simplement souri. Il y a tous ces gens dont je ne connais pas le prénom.

C'est grâce à une petite annonce sur Kijiji - cousin canadien de Leboncoin, que j'ai rencontré Barbara. Cette retraitée de 66 ans a répondu à mon annonce de "cours" de français. Elle est prof de Yoga et se forme actuellement au sujet de la Communication Non-Violente. Son niveau de français est déjà excellent, et son accent so British est juste trop ma puce. Enfin une francophone qui n'a pas l'accent québécois ! On se voit une fois par semaine, autour d'un thé ou pour marcher dans un parc et nous discutons. Elle a un petit ami francophone à qui elle veut plaire, elle veut aussi comprendre ce que dit le prêtre de son Eglise francophile. Donc nous parlons, elle prend quelques notes de vocabulaire parfois, et son français se fluidifie petit à petit. Elle a deux petits fils, tous les deux autistes, elle les aime très fort. Elle rentre tout juste d'une retraite de Yoga qui a eu lieu aux USA, j'ai hâte qu'elle me raconte.

Et comment ne pas parler de Cathie, notre propriétaire. Cet amour de femme qui nous a invités à son anniversaire, avec mes parents, pour un après-midi enflammé par un concert d'un groupe local impressionnant de talent. Cochon grillé et pluie au programme, 80% de lesbiennes et une ambiance à faire pâlir tous les nights clubs. Médecin militaire, elle enseigne à la base de la région, en Pharmacie et elle pratique toujours la Chirurgie. Elle joue au golf, ne boit pas d'alcool et apprend le français à l'école pour faire honneur à son grand-père qui était français. Toujours dispo, elle nous laisse les clés de sa propriété au bord du lac quand elle s'absente pour qu'on profite de ce superbe en droit. Elle vit avec Mar, cette dame excellente danseuse et tellement marrante qu'on en a mal aux mâchoires après quelques bières.

Il y a toutes ces personnes et d'autres encore, d'autres qui viendront, repartiront. 

Quand on s'éloigne des gens qu'on aime, on craint toujours de se retrouver seul. 
Puis on se rend compte que malgré les kilomètres ils sont quand même là. 

Et quand le cercle s'agrandit de l'autre côté de l'Océan, non seulement la solitude n'est qu'une mauvaise appréhension, mais on ressort surtout plus riche, entier et indéfiniment touché par ces rencontres improbables.




2 commentaires:

  1. Et oui, je savais bien que je ne me trompais pas ;)
    Aprés quelques années, je crois que je suis intoxiquée, je ne suis pas sure d'etre capable de me passer de tout ca, meme si il y a le mauvais coté des trop nombreux départs...

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