jeudi 20 août 2015

10 choses que j'ai apprises depuis que je suis expat

Quand on me pose des questions au sujet de l'expat, je réponds beaucoup que j'ai l'impression d'avoir plus appris en 5 mois d'expatriation qu'en 3 ans d'expérience professionnelle. Et c'est vrai.



En effet, j'ai pu mettre à profit mes talents d'organisatrice, mes compétences de gestionnaire et d'administratrice ou encore de négociatrice ("merci" à l'administration française et au système bancaire pour ça d'ailleurs).
Qu'il s'agisse de la préparation du départ, du déménagement ou de la gestion sur place, je pense pouvoir ajouter quelques lignes à mon CV. Et pourquoi pas d'ailleurs ?

Un tel changement de vie nous met toujours face à une page blanche, synonyme de nouveauté elle puise en nous, en notre capacité d'adaptation, plus ou moins élastique.
Et elle nous apprend, sur la vie et en particulier sur nous même.

Après 5 mois au Canada, voici une liste non exhaustive de ce que j'ai pu apprendre.


1) Sortir de ma zone de confort, comme expliqué sur le lien vers un des premiers articles de mon blog. L'expat nous pousse à franchir des limites qu'on ne connaissait pas. Tout change, du quotidien jusqu'aux démarches et habitudes. On s'en crée de nouvelles et on se rend compte que l'on se sent de plus en plus "Home".

2) M'écouter, et me connaître aussi. Quand tous nos repères sont bousculés, la seule base stable demeure en nous. T'écouter tu devras nous dirait Maître Yoda (oui Chéri m'a fait re-regarder les épisodes 4, 5 et 6 récemment). J'ai appris à écouter mon corps, les signes de fatigue, mes envies et mes besoins. On se met vite de la pression tout seul, surtout quand on se met la barre à un niveau si haut qu'on ne la voit presque plus. Besoin de repos ? Je me repose. Besoin de bouger ? Je vais faire du sport. And so on. Ce qui devrait être simple comme bonjour peut vite devenir une épreuve quand tout est remis en question. Alors j'ai appris à prendre le temps et à re-la-ti-vi-ser.
3) Reprendre confiance, en moi, en mes capacités professionnelles. Merci à mon job d'avoir permis tout ça. Des collègues qui m'apprécient, une boss "so impressed" par mon boulot, des clients satisfaits. L'objectif a été atteint. Finalement, je ne suis pas si nulle et je peux servir à autre chose qu'à gérer la maison et les voyages, même si, soit dit en passant, ces activités ne me dérangent en rien. Disons qu'intellectuellement, quand on est le "conjointquisuit", la confiance est un besoin vital. Nous avons notre propre personnalité, nos propres envies et nos projets. On s'assume et on s'accepte ainsi.



4) Qui sont mes vrais amis, entre le décalage horaire, la distance, les absences aux anniversaires, aux mariages, ou encore aux naissances, on découvre que coûte que coûte, il y a ces personnes si chères qui sont toujours là, présentes. Malgré les kilomètres, malgré les 6h et plus de décalage, malgré tout ça. Il y a (quand même) toujours ces gens qui pensent que l'expat (surtout en tant que conjoint) ce n'est ni plus ni moins qu'un moment de vacances ou de prise de grosse tête. Mais que répondre à ça ? Que dire à ces gens qui ne peuvent visiblement pas se mettre dans nos baskets ?  L'expatriation est une belle aventure, une chance inouïe, et c'est encore plus beau quand les gens qu'on aime sont là et pensent à nous. Au passage, je vous dis MERCI.



5) Faire les courses, et revoir l'intégralité de son frigo et de ses placards. Oui j'ai appris à ne plus mettre 2h, et à trouver des produits "équilibrés" et "sains". Ce qui, franchement, relève quasiment de l'exploit outre Atlantique. Huile de palme, Huile de Soja, OGM, Sucre, et j'en passe. J'ai appris à beaucoup plus lire les étiquettes, à cuisine pour le midi et le soir, sain et gourmand à la fois, sans se lasser. Ce n'est pas parce que nous sommes dans le pays de la mal-bouffe qu'on doit revenir en France en roulant !



6) Sympathiser avec des personnes de tous les âges, de 7 à 77 ans, ou presque. En général, nos amis viennent de l'enfance, de l'adolescence ou de nos étapes d'études, et dans l'ensemble, ils ont notre âge à plus ou moins 5 ans de différence. Mais ici, là aussi, on remet tous les compteurs à zéro et on découvre que oui, on peut être amis avec des personnes de plus de 40 ans, 50 ans et même 60 ans ! Et de ces rencontres naissent tant de richesses et de leçons de vie. Loin de l'impertinence de notre génération, on écoute, on apprend et on s'inspire. Parce qu'on est tous dans le même bateau finalement.

7) Améliorer mon anglais / Improve my English. C'était aussi sur ma liste de choses à apprendre, tout du moins à perfectionner car j'avais quand même un très bon niveau de base, merci LEA et mes différents jobs internationaux. Et je suis plutôt satisfaite du résultat, je comprends même les blagues maintenant. Bon, déjà que je n'étais pas très réactive en français, il ne faut pas trop en demander, mais dans l'ensemble je comprends 98% de ce qu'on me dit, et je préfère même qu'on me parle anglais plutôt que québécois (ohhh oui) car simplement je les comprends mieux. Si si je te jure. Egalement, je parle de façon plus fluide, je comprends tous les films et même la radio. Rien n'est encore parfait mais work in progress.



8) Tondre la pelouse, et autres aspect d'une maison. Il est vrai que j'ai toujours vécu en appartement (seule j'entends), car chez mes parents je n'avais pas à gérer tout ça. Utiliser la tondeuse à gazon sans tuer personne et sans me blesser, entretenir un jardin, un adoucisseur d'eau, un déshumidificateur, réparer un store, faire le tri sélectif ou simplement gérer une maison sur 3 niveaux. C'est du boulot, un vrai mi-temps.

9) Dire non, à un voyage en France, un Mariage, un Skype, une sortie ou même un boulot. Lorsque on se connait et que la confiance est revenue, on apprend alors à dire "non". Et c'est bien plus compliqué qu'un "oui". On aime faire plaisir, on aime plaire, mais parfois, il faut d'abord penser à soi et affirmer sa position. Et vous savez quoi ? Les gens comprennent. Nous avons fait un choix de partir loin et de commencer cette nouvelle vie, l'assumer commence par un "non". On n'oublie rien et on continue à dire de nombreux "oui", avec un grand plaisir d'ailleurs. Une nouvelle vie impose des choix, et quelques sacrifices, et c'est en osant le "non" qu'on peut réussir à mettre de l'ordre dans tout ça pour respirer et se sentir serein.



10) Aller vers la simplicité, parce que finalement ce qui compte ce sont ces moments de bonheurs. Parfois furtifs, intenses et plein d'émotions. Quand certaines femmes d'expat se ruent vers les centres commerciaux en quête de shopping compensatoire, faisant flamber la CB de Monsieur, pour ma part, je fuis de plus en plus ces endroits pour rechercher le calme, la nature et les bons moments entre amis. Un message d'une amie, de ma soeur, une photo marrante, une carte postale ou un colis surprise dans la boîte aux lettres, whatsap avec mes parents, des mots d'amour, une video prise sur ce lieu si paisible, un salle d'arrivée dans un aéroport. La vie.




7 commentaires:

  1. Bien dit! C'est ça notre vie de femmes d'expatriés. Mais c'est un vrai retour sur sois et sur nos valeurs, donc sur l'essentiel. Mais quel bonheur et quel chance au final. Bravo!
    Timworld

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  2. Tu es devenue tellement bilingue que tu ne peux t'empécher de glisser des mots anglais dans ton francais ;)
    Je suis d'accord avec beaucoup de choses, et je réalise la chance que j'ai de ne pas avoir suivi mon chéri, mais d'avoir mon job aussi.

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    1. Oui il faut faire une gym du cerveau, il a tendance à chercher les mots les plus simples en premier, peu importe la langue !
      Oui c'est une chance, et un merveilleux projet :)

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  3. j'aime beaucoup tes articles, ils sont plein de vérité et de sincérité.

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